Esprit Ouvert

Univers fantastique où vous devez laisser votre esprit ouvert à l'imagination... votre imagination. Suivez la cadence...

posté le 29-10-2008 à 20:15:40

LXVII. Le crépuscule du soir

Voici le soir charmant, ami du criminel;

Il vient comme un complice, à pas de loup;

Se ferme lentement comme une grande alcôve

Et l'homme impatient se change en bête sauve.


Ô soir, aimable soir, désiré par celui

Dont les bras, sans mentir, peuvent dire : Aujourd'hui

Nous avons travaillé! - C'est le soir qui soulage

Les esprits que dévore une douleur sauvage,

Le savant obstiné dont le front s'alourdit,

Et l'ouvrier courbé qui regagne son lit.

Cependant des démons malsains dans l'atmosphère

S'éveillent lourdement, comme des gens d'affaire,

Et cognent en volant les volets et l'auvent.

À travers les lueurs que tourmente le vent

La prostitution s'allume dans les rues;

Comme une fourmilière elle ouvre les issues;

Partout elle se fraye un occulte chemin,

Ainsi que l'ennemi qui tente un coup de main;

Elle remue au sein de la cité de fange

Comme un ver qui dérobe à l'Homme ce qu'il mange.

On entend çà et là les cuisines siffler,

Les théâtres glapir, les orchestres ronfler;

Les tables d'hôte, dont le jeu fait les délices,

S'emplissent de catins et d'escrocs, leurs complices,

Et les voleurs, qui n'ont ni trêve ni merci,

Vont bientôt commencer leur travail, eux aussi,

Et forcer doucement les portes et les caisses

Pour vivre quelques jours et vêtir leurs maîtresses.


Recueille-toi, mon âme, en ce grave moment,

Et ferme ton oreille à ce rugissement.

C'est l'heure où les douleurs des malades s'aigrissent!

La sombre Nuit les prend à la gorge; ils finissent

Leur destiné et vont vers le gouffre commun;

L'hopital se remplit de leurs soupirs - Plus d'un

Ne viendra plus chercher la soupe parfumée,

Au coin du feu, le soir, d'une aimée.

Encore la plupart n'ont-ils jamais connu

La douceur du foyer et n'ont jamais vécu!

 

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Charles Baudelaire, 24 ans, portrait par E. Deroy, 1845. Versailles, musée historique.

 

 

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Ce poème parle de ce que la nuit apporte. D'un côté, c'est le repos bien mérité de ceux qui ont travaillés durement pendant toute la journée, c'est un moment de divertissement au théâtre et musique pour les riches personnes et de l'autre côté, la nuit apporte la débauche et le mal. Les prostituées selon Baudelaire volent l'argent des hommes destiné à nourrir leur famille.

 

 

 


 
 
 

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